Nous souhaitons abattre quelques arbres et en élaguer d'autres sur le terrain. A cet effet, nous avons contacté le mari d'une de mes collègues dont c'est le métier.
Il a commencé le travail hier et devrait finir lundi.
Hier, à la fin de la première journée d'abattage, et après le départ de l'élagueur, Laurent est allé "reconnaître les lieux" vers le fond du jardin, et commencer le rangement des bûches. Intrigué par une bûche creuse, il s'en est approché et y a distingué quelque chose qui ressemblait à un nid.
C'ETAIT un nid. Et il était habité. 4 petites têtes. 3 très mal en point. Pêut-être écrasées ? Blessées ?
Bon...
Il les a sortis du nid et recueillis pour voir s'il pouvait au moins les soigner un peu. Plus tard, nous apprendrons que c'était des petits merles.
L'un des quatre était relativement vif, les trois autres, plutôt éteints, et surtout entièrement recouverts de fourmis.
Ne sachant trop comment s'en occuper, Laurent a téléphoné au vétérinaire, qui lui a conseillé d'appeler la LPO (Ligue pour la Protection de Oiseaux, http://www.lpo.fr/ ). Un personne de la ligue l'a même presque sermoné : "Voilà pourquoi il ne faut pas couper les arbres morts ! Il y a plein d'espèces qui y nichent !". Bref ! Une fois armé des conseils donnés par les passionnés, Laurent savait quoi faire, l'objectif étant de les amener à la LPO à Audenge le lendemain sur le Bassin d'Arcachon s'ils avaient survécu à la nuit.
Il a donc fabriqué un nid de fortune à l'aide d'une boite à chaussures, qu'il a tapissée d'une vieille taie d'oreiller assez moelleuse chauffée grâce à des gants en caoutchouc remplis d'eau chaude. Le couvercle de la couveuse-maison a été percé de trous pour la respiration.
la couveuse
La LPO lui a conseillé de retirer les fourmis pour éviter qu'elle ne blessent davantage les petits. Bien. Le problème est que les fourmis étaient bien accrochées par leurs mandibules... Laurent a donc enlevé les insectes un par un avec une pince a épiler !! Quelque trentaine par oiseau...
Le plus vif, Jeannot, était moins infesté que les autres. Plus chaud que ses frères et d'une couleur légèrement plus claire, il avait manifestement plus de chances de survie.
Jeannot et deux de ses frères
Il fallait maintenant les alimenter. Apparemment, les petits sont nourris par leurs parents tous les 1/4 d'heure ou 20 minutes. A la maison, la pâtée ou les croquettes pour chat contiennent tous les nutriments qui leurs sont nécessaires. Et nous avons une chatte : Babsie. Donc de la pâtée et des croquettes qui-contiennent-tous-les-nutriments-nécessaires !
Pour leur faire ouvrir le bec, Laurent a trouvé un système : il ouvre la boîte à chaussure, siffle, et immédiatement Jeannot pioupioute en ouvrant un large bec ! Il n'y a plus qu'à y déposer un peu de pâtée avec une pince à épiler. Pour ses frères, c'est plus compliqué : il faut les aider à ouvrir le bec et y déposer la pitance s'avère plus hasardeux.
Un bébé oiseau mal en point
Ouverture du bec pour y déposer une portion de nourriture
L'oiseau a mangé
L'heure du repas
Le temps passant, les plus faibles n'avaient pas vraiment l'air de se ragaillardir...
Après avoir changé plusieurs fois les bouillotes de gants, il fallait se décider à dormir nous aussi. On verrait bien le lendemain.
Ce matin, je suis allée travailler, et ce n'est que par téléphone que j'ai eu des nouvelles des quatre petits : les trois plus fragiles n'ont pas résisté, ils sont morts pendant la nuit. Jeannot, lui, un peu endormi, s'est finalement réveillé et a repris son alimentation. Laurent est donc parti à Audenge, à 70km de la maison, ramener Jeannot (et ses trois frères) là où on saurait vraiment le remettre sur pattes ! C'est là-bas qu'il a appris que ce sont des merles.
Je pense que si on avait dit à Laurent qu'il ferait ça un jour, il aurait bien rit. Mais finalement, pris dans le tourbillon, recueillant des petites bêtes qui étaient tranquilles chez elles jusqu'à ce qu'on viennent presque les y abattre, se rendant compte qu'elles sont vivantes et qu'on peut peut-être les sauver, alors qu'elles sont parfaitement sans moyen de défense ni même de survie, et finalement si rigolotes, mignonnes, et attendrissantes, il est allé au bout de ce qu'il a commencé. Et je suis très fière de lui.
Ancien habitat de Jeannot et ses frères, un tronc creux
L'intérieur du trou
Les deux parties du tronc coupé à l'endroit du nid
Ce qui reste du nid de nos petits merles
Dorénavant, et suite au conseils de la LPO, si nous trouvons un nid complètement détruit et des petits toujours vivants, nous pouvons reconstituer un nid avec une boîte quelconque, des branchages, feuillages ou autres, et remettre le tout avec les petits à l'endroit où devait se trouver leur ancienne demeure. Il se peut que les parents reviennent les nourrir, même si on a touché leur progéniture.